Ne pas tomber dans l’idée du « tout terrorisme »

Face à la montée en puissance du contexte sécuritaire au sein de l’esprit occidental depuis les années 2000, plus exactement depuis le 11 septembre 2001, qui d’autre que le sourd n’entend pas parler de terrorisme au moins une fois par semaine, en lisant un journal, en écoutant la radio, en allumant la télévision ou encore au détour d’une conversation ?

Ce terme fréquemment employé est désormais rentré dans notre quotidien, il nous est aujourd’hui servi à tout-va pour qualifier un acte, expliquer une attitude ou justifier une cause (aussi injustifiable soit-elle) et ce, bien trop souvent à tord. 

L’actualité nous le prouve, c’est aujourd’hui un risque supplémentaire, une composante à traîter dans les problématiques de sûreté d’un bon « risk manager ». Gagner en compétence sur le sujet n’est pas une mince affaire tellement il est vaste et difficile à cerner. Et pourtant, croyez-moi, c’est une problématique qui viendra forcément à un moment ou à un autre à finir sur votre bureau en tête de pont de votre « to do » liste.

Alors lorsqu’il faut légiférer, décider, prendre des mesures, il convient avant tout de définir.

I. LE PHÉNOMÈNE

Qu’est-ce que le terrorisme ? Le terrorisme est un acte de violence perpétré contre des civils, des institutions ou des symboles d’un pays ou d’une communauté, dans le but de semer la terreur et de provoquer la panique. Les actes terroristes peuvent prendre de nombreuses formes, telles que des attaques à la bombe, des prises d’otages, des assassinats ciblés, des attaques cybernétiques, etc..

Le terrorisme est souvent motivé par des convictions politiques, religieuses, ou idéologiques, et les terroristes peuvent appartenir à des groupes organisés ou agir de manière individuelle. Le terrorisme est considéré comme un crime contre l’humanité et est condamné par la plupart des pays du monde. Les autorités gouvernementales et les forces de l’ordre travaillent constamment pour prévenir les actes terroristes et protéger les populations civiles.

Pourquoi ne sommes-nous pas tous d’accord ?

La raison est simple : c’est une notion bien plus politique que juridique.

Il dépend des points de vue des acteurs et des observateurs. Interrogez un membre de la résistance française durant la seconde guerre mondiale sur la légitimité de son action et faites de même avec un soldat allemand de l’occupation convaincu des bienfaits du IIème Reich. Vous n’aurez sans doute pas la même réponse et la même qualification quant à la notion de terrorisme et de résistance. Dois-je réellement vous citer cette maxime si célèbre ? « Le terroriste de l’un, c’est le résistant de l’autre ».

Gardons la tête froide en France, le terrorisme est légalement qualifié (article 421-1 du code pénal). Il est assorti des notions d’atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation (article 410-1 du code pénal), de la notion d’attentat (article 412-1 du code pénal) et de la notion de complot (article 412-2 du code pénal). La France est le pays du monde qui a déployé le plus grand arsenal règlementaire pour lutter contre le terrorisme et ce qui gravite dans sa sphère.

II. LES TYPES DE TERRORISME & LES MOTIVATIONS

Les types de terrorisme peuvent être réunis dans quatre grandes familles.

Le terrorisme organisé, prôné par des groupes d’individus fédérés autour d’une idéologie.

Le terrorisme d’État, il revient à l’utilisation par un gouvernement de mesures d’exception et d’actes violents à l’encontre d’une partie de ses administrés, sous couvert de raison de l’État.

Le cyber-terrorisme, un terme controversé qu’on pourrait qualifier d’attaques contre l’organisation des systèmes d’information en vue de créer de la panique et d’alarmer. Il est recrudescent et certaines organisations terroristes peuvent se targuer de faits d’armes en la matière, à l’instar de l’État Islamique (EI) qui pirata, le 8 mars 2015, l’intégralité des supports de diffusion de TV5 Monde.

Les motivations matérielles peuvent également être source d’une classification des actes :

  • La défense d’une cause particulière. Exemple : l’écologie.
  • Le nationalisme ethnique. Exemple : l’IRA en Irlande.
  • L’indépendantisme. Exemple : l’ETA Basque.
  • L’idéologie radicale. Exemple : groupes extrémistes politiques
  • L’extrémisme religieux. Exemple : l’État Islamique (ou DAECH)
  • Des motivations hybrides.

Si l’on regarde du côté psychologique, le criminologue Maurice Cusson présente lui aussi 4 motivations principales :

  • La haine vengeresse (la haine débouche sur la détermination de venger les exactions dont les ennemis seraient responsables),
  • La dissuasion (pour que la population terrorisée fasse pression sur son gouvernement),
  • La propagande (pour frapper les esprits),
  • La provocation (pour pousser un gouvernement à surréagir).

III. LES ACTEURS

L’objet ici n’est pas de dresser la liste des acteurs du terrorisme dans l’histoire, quoiqu’intéressant, ce travail serait fastidieux et sans grand intérêt pour notre cause d’aujourd’hui. Aussi me cantonnerais-je à vous citer les principaux acteurs qu’aura rencontrer la France sur ces dernières années.

En juin 1978, au château de Versailles, le Front de Libération de la Bretagne (FLB) réalise un attentat. Organisation active de 1966 à 1981.

La tristement célèbre organisation ETA, orchestrera de 1959 à 2011, un ensemble d’actes terroristes au service de sa volonté d’indépendance.

Le Nationalisme Corse avec le FLNC, actif de 1976 à aujourd’hui, réclame l’indépendance de la Corse.

Dans les années 1970 – 1980, Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, commettra des attentats pour le Front Populaire de Libération de la Palestine.

Entre 1979 et 1987, Action Directe sévira pour la cause de l’extrème gauche, tandis qu’entre la fin des années 50 et le début des années 80, c’est le Groupe Charles-Martel et l’Organisation de l’Armée Secrète qui agitera l’étendard de l’extrème droite.

En 1994, c’est le Groupe Islamique Armé qui commet une prise d’otage sur le vol 8969 d’Air France puis les attentats dans le RER B en 1995.

Les attentats du RER B en 1995, menés par le GIA, seront le révélateur de la nature terroriste de la menace djihadiste.

Le 11 septembre 2001, c’est Al-Qaïda qui frappera. L’organisation frappera fort.

L’attentat du 11 septembre 2001 constitue une véritable prise de conscience internationale. La menace djihadiste, propagée à l’échelle mondiale et à un niveau de violence inédit, verra la mise au premier plan d’une motivation du terrorisme jusqu’alors méconnue : le terrorisme islamique.

Véritable point d’orgue de l’action terroriste, il marquera durablement une génération et ébranlera les conceptions traditionnelles du terrorisme autant que la réponse étatique et l’approche juridique. L’histoire se reproduira en 2004 dans les trains de banlieue de Madrid et en 2005 dans les transports publics de Londres, accompagné d’une montée en puissance du « tout-sécuritaire » partout en Europe et notamment en France. C’est Al-Qaïda, une mouvance terroriste islamiste qui en est l’auteure. Moins qu’un groupe terroriste, c’est plutôt un label auquel font allégences des mouvements terroristes sur différents territoires : Al-Qaïda en Irak, Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) ou Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA). Aujourd’hui, cette mouvance persiste mais n’a que peu de ramification à l’international. Elle est active dans les zones d’implantations de ces groupes mais « n’exporte »presque plus son idéologie et ces attentats. Le dernier attentat sur le sol français revendiqué par Al-Qaïda sera celui des frères Kouachi le 7 janvier 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo.

Le contexte géopolitique favorable en Irak, verra dès 2006 apparaître un autre groupe terroriste d’idéologie salafiste djihadiste : l’État Islamique, ou DAECH. Un califat sera proclamé en 2014 sur les territoires qu’il contrôle (en Irak et en Syrie, de la taille du Royaume-Uni) et une expansion démesurée de l’organisation aura lieu jusqu’en 2018 où elle sera territorialement écrasée par la coalition internationale et les miliciens. Entre-temps, elle commanditera, revendiquera ou stimulera le passage à l’acte de quasi tous les attentats sur le sol français de 2015 à aujourd’hui.

Il m’apparait important d’axer le discours sur cette motivation qu’est le terrorisme islamique. Loin d’une volonté d’exacerber les tensions, nous ne pouvons malheureusement dénier que l’actualité récente a mis en lumière ce type de terrorisme comme étant pré-dominant et constitutif d’un risque majeur vis-à-vis de nos établissements.

IV. LES MÉTHODES

Si nous prenons l’exemple de l’État Islamique, trois méthodes se distinguent. En ce qui le concerne, il conviendrait plutôt de parler ici de stratégie. Ces méthodes découlent en effet d’une réflexion sur le long terme, inscrite dans l’histoire des mouvements djihadistes. Et c’est bien en appuyant sur ce point que, progressivement, l’EI chercherait à se construire une autorité, et démontrer qu’il fonctionne, non pas comme un groupe, mais bien comme un État. Au service de l’administration de la sauvagerie, les pratiques résident dans la réalisation d’attentats, la mise en scène d’exécutions et une imposante machine de propagande.

V. LES NIVEAUX DE RISQUE EN FRANCE

Au cours des vingts dernières années, la France et ses intérêts ont été la cible d’un terrorisme international : sur le territoire mais aussi pour les ressortissants à l’étranger. La France est considérée (par l’État Islamique) comme ennemi n°1 : prises de position en matière de politique internationale, interventions militaires, débat politique stigmatisant parfois la communauté musulmane, allié des États-Unis, ancienne nation coloniale soutenant ouvertement Israël. Le contexte français est particulier, c’est d’ailleurs de France que sont partis le plus de combattants en direction du califat. 

Le terrorisme de nature endogène prédomine, il se caractérise par un passage à l’acte de nationaux et/ou résidents sur leur territoire national.

Cette menace est représentée par trois principaux types de profils :

  • Les « sortants » de prison ayant purgé des peines pour terrorisme ou détenus de droit commun radicalisés en prison.
  • Les « revenants » des fronts djihadistes.
  • Les personnes radicalisées.

Ce terrorisme représente une menace durable pour notre pays.

En mai 2019, environ 700 ressortissants français étaient présents en zone irako-syrienne. La menace reste vive du fait de leur implication possible dans la réalisation d’actions terroristes et dans leur capacité à inspirer des individus résidents en France.

Comment est défini le niveau de risque en France ?

Pour répondre à la menace terroriste, l’Etat mène une action transversale qui s’inscrit dans le respect des libertés publiques. Parmi elles, le plan gouvernemental Vigipirate est un instrument placé sous l’autorité du Premier ministre, qui s’inscrit dans le cadre de la vigilance, de la prévention et de la protection. Il couvre l’ensemble des activités du pays et concourt à la sécurité nationale. Il relève du Premier ministre, responsable de l’action du gouvernement en matière de sécurité nationale. 

Il poursuit 3 grands objectifs :

  • Assurer en permanence une protection adaptée des citoyens, du territoire et des intérêts de la France contre la menace terroriste ;
  • Développer et maintenir une culture de vigilance de l’ensemble des acteurs de la Nation afin de prévenir ou de déceler le plus en amont possible toute menace d’action terroriste ;
  • Permettre une réaction rapide et coordonnée en cas de menace caractérisée ou d’action terroriste, afin de renforcer la protection, de faciliter l’intervention, d’assurer la continuité des activités d’importance vitale. 

Les principes fondamentaux du plan Vigipirate (nouvelle mouture) relèvent sur une méthode d’évaluation qui combine l’identification de la menace et l’analyse des vulnérabilités, afin de définir à leur juste niveau les mesures à mettre en œuvre ; également sur une stratégie et des objectifs de sécurité, dans les 12 domaines d’activité retenus par le plan ;  une mobilisation de tous les acteurs, Etat, collectivités territoriales, opérateurs et citoyens.

Ce code d’alerte possède deux niveaux de mobilisation :

Le niveau de vigilance avec une posture permanente de sécurité :

• Protection quotidienne contre une menace constante

• Mesures permanentes

• Concerne l’ensemble du territoire et tous les secteurs d’activités

• Durée limitée

Le niveau alerte attentat avec une protection maximale lors de la menace imminente d’un acte terroriste ou à la suite d’un acte terroriste lorsqu’il y aura possibilité de ré-itération :

• Mesures exceptionnelles

• Peut concerner une zone géographique ou l’ensemble du territoire

• Durée très limitée

LA MENACE NRBC-E

Devant l’occurrence du risque attentat mettant en jeu l’utilisation de produits et matières nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques ou explosives, le plan vigipirate a évolué. Il comprend des volets spécifiques Piratox, Biotox et Piratome. Dès le lendemain des attentats de 2015, un arrêté a été publié en urgence au journal officiel afin d’autoriser l’utilisation d’un antidote en cas d’attaque chimique, en vue de constituer des stocks dans les hôpitaux, à l’horizon notamment de la COP21. Egalement, des exercices ont été réalisés ponctuellement par les autorités locales. Le parlement européen, dans un rapport édité au lendemain des attentats de Paris en 2015 a enjoint aux Etats membres de l’Union Européenne de se préparer à l’éventualité d’une attaque de la part de l’Etat Islamique au moyen d’armes NRBC-E, en informant les populations et en prennant les mesures adéquates. A l’instar de l’affiche « comment réagir en cas d’attaque terroriste », une affiche « que faire en cas d’exposition à un gaz toxique » est désormais disponible sur le site du SGDSN (lien utile ci-dessous).

L’ETAT D’URGENCE

Lorsque la posture vigipirate est insuffisante, il existe en France un état d’exception : l’État d’urgence. Ce régime exceptionnel est un mode de gestion de crise qui restreint les libertés au bénéfice du retour à l’ordre public. Il confère aux autorités civiles, dans l’aire géographique à laquelle il s’applique, des pouvoirs de police exceptionnels portant sur la réglementation de la circulation et du séjour des personnes, sur la fermeture des lieux ouverts au public et sur la réquisition des armes.

Dans tous départements, les préfets peuvent restreindre la liberté d’aller et venir en instaurant des périmètres de protection ou de sécurité particulière, interdire la circulation dans certains lieux ou à certaines heures (couvre-feu), interdire le séjour dans certaines parties du territoir à toute personne susceptible de créer un trouble à l’ordre public, réquisitionner des personnes ou moyens privés, interdires certaines réunions publiques ou fermer provisoirement des lieux de culte ou de réunion, autoriser des perquisitions administratives en présence d’un officier de police judiciaire, assigner à résidence, bloquer des sites faisant l’apologie du terrorisme ou incitant à des actes, dissoudres des associations ou groupements, etc.

Dans le cadre de la vague terroriste en 2015, l’état d’urgence avait été décreté le vendredi 13 novembre au soir par le président de la République. 12 jours après sa mise en place, il avait permis 290 assignations à résidence, la saisie de 258 armes (dont une vingtaine d’armes de guerre), le placement en garde à vue de 181 personnes et l’ordonnance de 1614 perquisitions administratives.

VI. LES MODES OPÉRATOIRES

Les modes opératoires traditionnels sont les suivants :

  • Attentat aveugle : qui ne vise pas des personnes en particulier. Exemple : voiture ou colis piégé, engin explosif improvisé.
  • Attentat suicide : implique la mort intentionnelle de l’auteur. Exemple : ceinture ou véhicule explosif, véhicule bélier.
  • Prises d’otages et exécutions : souvent scénarisées, filmées et diffusées à des fins de propagande ou pour retarder et se protéger d’une intervention des forces de l’ordre.
  • Attaques à l’arme de guerre : tireurs actifs. Exemple : avec armes de guerre dans un lieu public.
  • Attaque avec armes blanches : couteaux ou autres. Exemple : en se déplacant dans un espace public.
  • Attaques avec armes par destination : avec un véhicule. Exemple : en remontant une voie réservée aux piétons.
  • Attaques hybrides : mêlant plusieurs modes opératoires. Exemple : un véhicule bélier avec un conducteur armé d’armes de guerres et d’explosifs.

VII. LE MATÉRIEL ET LES ARMES UTILISÉES

L’ARMEMENT

En dehors de l’arme par destination, c’est-à-dire l’objet détourné de son usage primaire dans le but de tuer, blesser ou menacer, certains actes ont été perpetrés à l’aide d’armes à feux. 

Si nous prenons l’exemple du terrorisme islamique de l’État Islamique, un matériel semble être de prédilection, l’AKM où l’une de ces copies. Pourquoi ? Cette arme se révèle être la plus mortelle des temps modernes, produite en extrême quantité (entre 70 et 110 millions d’exemplaires avec une production encore en cours au XXIème siècle), devenue le symbole de l’anti-américanisme (et donc du capitalisme), elle reste simple d’utilisation et d’une sidérante fiabilité. Enfin, son efficacité mortelle ne dépend que très peu de l’adresse du tireur et se révèlera redoutable aussi bien entre les mains d’un adolescent que d’un soldat entraîné (eu égard au pouvoir de perforation des cartouches attenantes de 7,62×39 mm).

Modèle de Kalachnikov AK-47

Dans ces vidéos posthumes sur internet, Amedy Coulibaly, le terroriste de l’hyper-cacher, pose avec une VZ58 (extérieurement presque identique à l’AK-47, munitions identiques).

Au bataclan, les armes utilisées sont des Kalachnikovs ou des copies issues de plusieurs armes différentes.

Il y aurait en France officiellement 2 763 000 armes déclarées, mais la chambre syndicale des armuriers estime qu’il y a autour de 10 millions d’armes dans le pays.

LES EXPLOSIFS

La matière explosive peut se présenter sous plusieurs formes : les explosifs solides, les explosifs malléables (comme les explosifs plastic avec le SEMTEX), les explosifs liquides, en vrac ou encartouchés.

Plus généralement, dans l’acte terroriste, l’explosif utilisé est soit composé d’éléments d’arsenaux militaires, soit d’un assemblage de pièces non militaires.

LES MATÉRIELS IMPROVISÉS

Ils constituent des engins explosifs improvisés (EEI) ou engins explosifs de circonstance (EEC), en anglais Improvised Explosive Device (IED), principalement employés lors de conflits asymétriques par les forces terroristes, de guérilla ou par des commandos.

L’EEI consiste typiquement en une charge explosive, un détonateur et un système soit mécanique, soit électronique de mise à feu.

De conception rudimentaire ou sous la forme d’engins sophistiqués à partir de munitions militaires (souvent des obus d’artillerie) et d’éléments disponibles dans le commerce (tels que des téléphones mobiles pour les systèmes de mise à feu), il peut être combiné avec des éléments toxiques chimiques, biologiques, ou radioactifs (appelé « bombes sales »). Les EEI sont parfois camouflés en objets d’apparence innocente.

Les principes de base du déclenchement d’un engin explosif improvisé sont l’un ou la combinaison des trois points suivants :

  • Déclenchement piégé
  • Déclenchement à retardement
  • Déclenchement contrôlé

Engins non conventionnels, il n’existe aucune procédure précise pour les désamorcer. De fait, les démineurs préfèrent donc souvent les détruire lorsqu’ils ne se trouvent pas en zone urbaine peuplée. De plus, la possible présence d’éléments toxiques ou radioactifs requiert des précautions particulières.

Une ceinture d’explosifs a été retrouvée lundi 23 novembre 2015 à Montrouge. Comme celles utilisées lors des attentats parisiens du 13 novembre 2015, elle contiendrait du TATP, un explosif très puissant fréquemment employé par les djihadistes. L’explosif à base de triacetone triperoxide est facile à fabriquer mais reste très instable. Cet explosif primaire est très sensible et peut détoner à la moindre sollicitation, comme un faible choc, une friction ou une étincelle par exemple. Selon la police catalane, les attentats du 17 et 18 août 2017 sur la Rambla à Barcelone et à Cambrils, en Espagne, font suites à une explosion dans un immeuble qui a tué la veille deux personnes dans la commune d’Alcanar. La police ajoute que la cellule terroriste préparait plusieurs attentats à la bombe et que c’est l’explosion accidentelle qui a poussé les terroristes à agir dans la précipitation. Cent vingt bouteilles de gaz et des traces de TATP ont été découvertes sur les lieux. La police a ensuite confirmé que les terroristes avaient fait des repérages quelques jours avant les attentats aux abords de la Sagrada Família, qui aurait pu être leur cible principale avant l’explosion accidentelle de leur cache qui les a poussé à changer leurs plans.

LES CIBLES

Le choix des cibles potentielles se fait en fonction de la menace, de ses motivations et de son organisation.

Dans le but de troubler l’ordre public en instaurant la peur, les cibles du terroriste se doivent de respecter certains critères. L’objectif étant de troubler la vie quotidienne et de générer un choc psychologique pour tous ceux qui auraient pu être visés par l’attentat (parce qu’ils ont pris le train d’avant ou d’après, par exemple).

Le premier critère est le bilan humain, l’objectif étant de « frapper fort » et de cibler des lieux fréquentés comme des lieux touristiques, de passages (gares, aéroports…) ou des lieux de rassemblements (salle de spectacle, évènements sportifs…). Le deuxième critère est celui de la visibilité, un des plus importants, frapper une cible occidentale et plus particulièrement une capitale internationale (dans le cas de l’Etat Islamique par exemple) aura un impact médiatique beaucoup plus important. Imaginons un acte contre la Tour Eiffel, les grands magasins des champs-elysées ou la gare Montparnasse. Le critère symbolique rentre également en jeu, le symbole politique et/ou historique peut être déterminant : infrastructures représentatives du pouvoir de l’État comme l’Elysée ou Matignon, les bases militaires ou des cibles à fortes valeurs ajoutées comme l’ambassade américaine en France. Il convient de penser au critère de la faisabilité, les sites (ou parties de sites) plus difficiles à atteindre car très sécurisés se verront écarter au profit de cibles moins défendues, plus faciles à attaquer (par exemple, les hôtels ou les navires de croisières qui regroupent plusieurs critères). Enfin, le critère temps joue un double rôle, l’heure de frappe et le jour peuvent avoir une répercussion, notamment à l’occasion d’un acte perpétré lors d’heures de pointes, impactant plus d’individus mais également sur le plan médiatique. Imaginez un attentat à minuit le jour de l’an, lors d’une fête nationale ou d’une date de célébration religieuse. De même, une attaque perpétrée tôt le matin va être relayée toute la journée par les médias locaux et internationaux en fonction des fuseaux horaires, même si aujourd’hui internet permet une couverture immédiate et dans l’urgence.

Connaître la mécanique du choix des cibles est déterminant, il vous permettra de situer le risque existant vis-à-vis de votre établissement.

VIII. L’AMPLEUR DU PHÉNOMÈNE RAPPORTÉ AUX ENTREPRISES

Par leur nature, leur activité, leur renommée, les entreprises en général sont objectivement exposées à la menace terroriste. Victimes directes ou indirectes, elles peuvent subir des dommages.

Une entreprise constitue souvent un rassemblement de personnes avec parfois des risques supplémentaires dans le cas d’un site Seveso ou d’un point d’importance vitale. De plus, la renommée particulière de certaines entreprises est susceptible d’amplifier l’écho d’une attaque terroriste. Enfin, la propagande djihadiste ne cache pas le fait que les attentats ont aussi pour but de nuire aux économies des pays visés, en engendrant des coûts supplémentaires pour les mesures de sûreté adoptées en réaction, ou un impact négatif sur le tourisme. La menace peut être externe ou interne à l’entreprise.

Également, l’entreprise peut être visée directement du fait d’une sensibilité particulière ou de sa nature d’établissement recevant du public, elle peut également être le support comme avec la location du véhicule utilisé dans l’attaque. Elle peut aussi devenir un lieu d’expression du communautarisme, voire d’un regroupement d’individus radicalisés.